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  • Alexis Boisselet

Restanza (Alexis) // Aventure Champignonne (Aymeric)

NL 24, 15 juillet 2022, Restanza (Alexis) // Aventure Champignonne (Aymeric), Steppe FM



Restanza (Alexis)





A CasaLina, le début du mois de Juillet fut intense.


Cela fait déjà plus de deux semaines que j’y suis et ai depuis trouvé ma place. Je suis donc responsable de la partie agriculture et aussi presque considéré comme un membre de l’association même. Ce qui est d’ailleurs génial, car non seulement je suis de plus en plus proche du collectif fondateur mais aussi car j’ai de plus en plus de responsabilités dans notre vie communautaire.

Comme nous l'avions dit dans la précédente newsletter, l’association de CasaLina organise pour la première fois un événement au village de Spinazzola. L’objectif est double : s’intégrer dans la dynamique locale et sensibiliser ses habitants au concept de “la restanza” (voir encadré) grâce à la projection d’un documentaire tourné à deux heures de voitures, dans le sud des Pouilles.



Source : https://www.acri.it/2022/07/11/la-restanza-rifonda-il-senso-di-comunita/


Pour cet événement majeur, nous avons reçu des renforts : quatre membres du collectif de CasaLina, normalement basés à Bruxelles, et au moins cinq nouveaux bénévoles. Ce qui fait que pendant une dizaine de jours nous étions une vingtaine, notre camping était complet.

Les quelques jours précédent la projection furent intensif : préparation de la décoration, de l’écran, de l’organisation sur place, collage d’affiches dans les villages alentours, élaboration et étiquetages des produits que nous vendons pendant le marché local que nous organisons avant la tombée de la nuit, invitations aux producteurs locaux pour participer au marché… Bref le programme était fort chargé, d’autant plus qu’il nous fallait, cela va de soit, fêter l’arrivée et les retrouvailles des membres du collectif. Donc, on travaille beaucoup le jour et on s’amuse jusque tard dans la nuit. Un rythme éprouvant et frénétique créant une ambiance vraiment géniale !




Et puis, en plus de l’organisation du cinéma en plein air, il nous fallait s’occuper de toutes les tâches habituelles minimum dont la récolte et la production maraîchère. Ce fut l’occasion pour moi d’apprendre la création et la gestion des équipes. D’apprendre à déléguer, après avoir donné un minimum de conseils, et donc à faire confiance à des bénévoles qui parfois découvrent la couleur d’un plan de tomate ! Il s’avérait parfois de passer discrètement de passer derrière pour vérifier qu’aucune plante n’allait souffrir de mauvais traitement. D’autant que le plus important avec ce mode de vie communautaire est de réussir non seulement à intégrer tout le monde mais aussi à les motiver pour des tâches qui sont parfois un peu ingrates… tout le monde n’est pas passionné par le désherbage et le paillage de centaine de pieds de tomate !


Bref, les trois jours avant le jour J de la projection furent intenses et l’énergie mise à disposition par tout le monde créait une atmosphère extraordinaire.

Le 6 juillet nous avons donc le plein de motivation pour mettre en place l’organisation du cinéma. Tout s’est très bien passé malgré de nombreux contretemps : crevaison du pneu de la carriole amenant la majorité du matériel, problème technique pour accrocher l’écran, et quelques petits problèmes pour déléguer quelques tâches aux bénévoles arrivés le jour même. Il n’empêche que la marché locale a eu lieu et même si ce n’était pas l’opération la plus fructueuse il y eut suffisamment de gens intéressés pour nous satisfaire. Et puis à 21h, notre bar, créé sur mesure pour l’occasion, battait son plein et la place du village était remplie à tel point que nous dûmes aller chercher des chaises en plus. Après une trentaine de minutes de conversation publique devant la place remplie entre Angela, Maria (toutes deux membres du collectif de CasaLina) et la réalisatrice, le film a commencé.

Près d'une heure et demie plus tard, le générique s’est terminé. La place s’était vidé de moitié, il faut admettre que ce n’est pas un film simple à regarder, mais les restants ont applaudi et sont restés jusqu’à la fin des différents discours. Bref, ce fut une réussite !





Le rangement, rythmé par la musique de quelques amis artistes, nous a pris presque deux heures avant d’avant de tous rentrer à CasaLina. La soirée était évidemment festive, et s’est terminée, pour la plupart d’entre nous, longtemps après le soleil levant !


Pendant les quelques jours qui ont suivis, cet état d’effervescence n’est pas retombé : beaucoup de boulot à rattraper la journée et des veillées qui se prolongeaient jusqu’à l’aube.


Autant dire que les dix premiers jours de Juillet furent simplement magnifiques.


L’agitation se calma petit à petit. Et il fallait désormais pour moi songer au départ.


Le temps de montrer les différentes tâches et méthodes à ce qui prendrait la suite et me voilà prêt à partir de nouveau.


Ayant quelque peu ma claque du vélo en période de canicule, je profite qu’Angela prenne des vacances vers le Nord pour monter en voiture avec elle à partir du 15. Normalement notre périple se finira aux alentours de Bologne quelques jours plus tard, à partir de là je continuerai en autostop avec Jehol et mon sac à dos (je laisse une grosse partie de mes affaires dans les Pouilles, lesquelles seront rapatriés en France un jour fin Août où quelqu’un remontera jusqu’en France en voiture).


Je compte passer le mois d’août en France pour profiter des amis et de la famille avant de m’embarquer d’une manière ou d’une autre sur un bateau en direction des Amériques.




 

Aventure Champignonne (Aymeric)



Lundi 20 juin. Je suis arrivé à destination, en rase campagne bretonne, près d’un village du Finistère appelé Ploudery. Je m’étais convaincu de faire du travail dans l’agriculture hors-sol, une méthode émergente qui consiste à faire pousser fruits et légumes sur des étagères, dans des hangars, des toits, des garages ou même des caves. Ce secteur m’intéresse car il permet, si bien exploité, de faire pousser des cultures indépendamment de l’époque et lui trouver une application en tous lieux: ville, désert, appartement. Contre toute attente, mes recherches m’ont porté sur une petite entreprise de production de champignons en Bretagne. Sur leurs site, on comprend que deux jeunes entrepreneurs utilisent des méthodes hors-sol pour faire pousser différents types de champignons. Ils sont vendus en marché, aux restaurateurs et aux particuliers. Le site propose aussi des kits pour faire pousser des champignons chez soi et des formations pour devenir producteur de champignons et même myciculteur.


Ainsi, me voilà arrivée à BreizhBell Producteur de champignon ! Je découvre l’entreprise et en premier lieu l’équipe… Jefferson 32 ans, allure décontractée, cheveux soyeux jusqu'aux épaules, une vraie dégaine de rockeur et Xavier 27 ans, un beau bébé dépassant certainement 1m85, la barbe rousse et les gestes nerveux d’un viking a son 5e café quand il travaille. Ces deux portraits correspondent aux fondateurs de la production. Jeff et Xav se sont rencontrés dans l’armée en travaillant dans le secteur de l’aéronautique, au jour d’aujourd’hui je n’ai pas parfaitement saisi comment le switch de construire des hélicoptères à faire pousser des champignons s’est fait, encore moins aussi rapidement. Ce qu’il faut retenir c’est qu’en sortant de l’armée Jeff a fait des études en économie pour avoir les compétences d’ouvrir sa propre boîte et Xavier de son côté est devenu maître composteur. Vient ensuite un troisième membre dans l'équipe, Briac, des yeux bleus au fond d'un regard lunaire. Après des études d'ingénieur, il s'engage dans un tour de France des Low Techs, arrivé dans le Finistère il découvre l'entreprise Breizh Bell et plutôt que de continuer son périple, il s'installe, et s'occupe maintenant d'une grande part de la logistique.





Parlons maintenant des bâtiments. On me prête une petite caravane pour dormir, cozy et discret je suis très content d'avoir mon espace personnel. A côté, la maison ou vit Jeff Xav et Briac ainsi que Manu un ami d'enfance de Jeffersen, ex routier et beat-maker, M-C la copine de Xavier travaillant dans l'armée, Naya une magnifique Malamute (Husky d'Alaska) et le chat... que j'appelle Minou n'ayant pas retenu son nom. Finalement, derrière le terrain de palet breton, un grand hangar où la magie se fait. Il abrite des tentes noires de cultures où poussent les champignons, un laboratoire complètement stériles où les souches sont développées, un atelier, une salle de séchage et une autre de transformation où les champignons sont mis en paquet avant d'être vendu. Toutes ces infrastructures ont été mises en place par les membres de Breizh Bell, fière de présenter une production Low Tech, ou l'eau est récupérée sur les toits, les panneaux solaires gèrent la température et les déchets produits sont réutilisés au maximum.


Le champignon est un sujet vaste, très vaste, et relativement méconnu. L'équipe de BreizhBell fait pousser une variété de champignons, servant pour différentes applications. On connaît tous le champignon comme un super ingrédient dans ses plats, girolles, morilles, cèpes, en sauce en soupe en omelette ! Toutefois certains champignons ont des propriétés médicinales très précieuses, ils peuvent booster le système immunitaire, guérir certains maux, un champignon très particulier, le Rai tchi purifie l'eau et l'air à son contact, sa consommation permet aux patients atteints de cancer de mieux réagir à la chimiothérapie. Ce n'est pas fini ! Les champignons ont des propriétés phytosanitaires remarquables ! Ils peuvent servir à assainir des sols pollués avec des meilleurs résultats que des bactéries, pour des éléments chimiques comme l'arsenic! Pour finir le champignon a une autre application majeure, intégrer à un compost il servira à booster et renforcer votre potager jusqu'à régénérer des forêts entières.


Dans cette aventure, j'apprends beaucoup. dans les premières semaines la quantité d'information était difficile à ingérer., je passais d'une activité à une autre avec de nouvelles compétences à prendre en main. En laboratoire avec Xavier j'apprend que le champignon est un système très fragile, et que le cultiver puis le produire demande une grande rigueur. Au bout de deux semaines je pars avec Brieuc tenir un stand de champignons au Festival du Low Tech tenu à Concarneau ou j'ai la chance de rencontrer des acteurs qui innove dans le domaine du low-tech..





Mon objectif à moi maintenant est d'expérimenter. Je veux commencer ma propre production de champignons chez ma marraine pour m'apprendre à construire des cultures que je pourrais par la suite réaliser en voyage. Je vais donc essayer de faire pousser les champignons selon un procédé naturel, sur des bûches en bois.

En parlant de voyage, j'ai peut-être trouvé le bateau pour un transatlantique. Celui qui m'amènera en Amérique du sud ! Je vous tiens au courant !


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