1 février 2022, Steppe FM : Quatre humains, trois chevaux, trois chiens
Mes dossiers de bourses sont terminés, Ibrahim vient de rentrer d’Istanbul. Nous déplorons, devant quelques bières, la perte du jeune poulain mort la veille, probablement à cause d’un coup de sabot donné par sa mère.
Malgré cette triste introduction, l'aventure continue.
Marie vient de rentrer de France. On s’organise tous les deux pour rejoindre Aymeric et Akim déjà dans le sud avec les trois chiens (Poncho, Mousse et Jehol bien sûr !).
On vérifie que nous avons tout le matériel nécessaire : les bâts, les harnachements, les piquets d’attaches, les sacs de bâts…
De temps à autres, nous avons des nouvelles du Sud : ils sont en train de chercher des chevaux ou des ânes autour de Fethiye. De ce qu’on comprend, tout se complique et il pleut pas mal, les rares chevaux à vendre ne sont pas dans nos budgets et les quelques ânes à vendre ne sont pas adaptés au voyage. Et puis, ils ont trois chiens à gérer avec des déplacements en stop et jamais un point fixe pour dormir. Il vont passer une semaine à sillonner la région, visiter les ranch et interroger les petits vieux dans les tchaïlevi pour essayer de trouver des montures. Aymeric vous parlera plus en détail de leurs aventures et rencontres dans le prochain podcast de Steppe FM qui sortira la semaine prochaine !
Du coup, à cause de ces nouvelles, plutôt mauvaises à vrai dire, Marie et moi nous remettons à chercher des chevaux en Cappadoce. Heureusement, depuis le temps qu’on est dans le coin et après déjà pas mal de visite d’achats, nous avons quelques contacts. Nous retournons donc chez Ahmed, un ami d’amis maquignon. On lui explique notre problème : nous cherchons à acheter deux chevaux et à les transporter dans le sud (à 800 km) pour un maximum de 10 000 TL (700e). Il nous propose quelques chevaux, nous dit que si on en prend deux il peut nous les vendre à 5000 Tl et garantis de nous trouver un transport à 5000 Tl (ce qui pour nous s'avérait impossible à cause de l’augmentation drastique du prix de l’essence ces dernières semaines). Après deux heures, nous hésitons entre trois chevaux. On décide de revenir demain pour lui donner notre décision finale et pour se mettre d’accord avec Aymeric et Akim.
Le lendemain, nous avons décidé des deux chevaux, du lieu où le transport amènera les chevaux, les affaires et Marie et moi et qu’on partirait dès les derniers préparatifs bouclés. Nous annonçons donc tout ça à Ahmed. Il accepte. Nous faisons venir le maréchal ferrant pour poser les fers des deux chevaux. Alors qu’il termine le premier (le marron que nous avons renommé Patate), Ahmed vient nous faire une nouvelle proposition : pour 1500 Tl (100e) de plus, il nous vend le troisième cheval qui nous plaisait. On négocie son ferrage et surtout son équipement (selle et harnachement), on appelle Aymeric et Akim. Et on accepte. A 18h, après une intense journée, nous avons acheté trois chevaux, ils sont ferrés et le transport pour nous emmener tous dans le Sud sera là demain midi.
Dernière soirée avec Ibrahim. Derniers moments en Cappadoce. Adrénaline. Excitation : nous avons trois chevaux et nous partons demain.
Courte nuit, la matinée file à ranger les affaires et le lieux qu’Ibo nous a confié, à nourrir une dernière fois les chevaux d’Ibo que je connais si bien. A midi, Ibo nous emmène chez Ahmed. Nous vérifions l’état des chevaux. Le camion arrive à 13h. Les chevaux sont chargés dans le camion (pour deux chevaux normalement) sans difficulté. Quelques au revoir et nous partons pour 12 heures de route minimum : la neige est prévue toute la journée. Je suis mal assis entre Marie côté fenêtre et le chauffeur à moitié muet. Dommage pour eux, je suis surexcité, et d’autant plus avec la neige qui tombe pendant les 8 des 12 heures de route. Le chauffeur a fait deux pauses de trois minutes, ne montre aucun signe de fatigue, semble même ne pas avoir cligné des yeux du trajet.
Il est 3h du matin, le camion s’arrête, j’ouvre la porte, les chiens aboient, c’est le bordel, il fait nuit, l’équipe est réunie.
Nous sortons les chevaux et tout le matériel du camion. On les attache au piquet dans le pâturage le plus proche. Akim puis Aymeric montent la garde pour cette très courte nuit pluvieuse à l’abri dans une cabane aux vitres brisées. 4 heures plus tard, nous sommes réveillés par du bruit autour de nous. Normal, il est 9h, nous sommes dimanche, au cœur d’une aire de pique-nique au bord de la mer.
La pluie est prévue pour les quatre prochains jours et il nous manque encore un colis venant d’Istanbul. On part s’installer un peu plus loin, dans un vieux bâtiment en cours de construction abandonné depuis longtemps. Nous avons trouvé un coin d’herbe pour les chevaux. On s’est aménagé une petite pièce après avoir déblayé quelques kilos de verres brisés. Nous en avons même aménagé une autre pour les chevaux, nous avons réussi à installer des attaches solides et perçant les murs.
Pendant quatre jours nous restons là. La pluie ne vient jamais vraiment mais il y a énormément de vent et il gèle la nuit. On s’occupe à tester les bâts et les bagages sur les chevaux, à les emmener pâturer dans les proches collines et à faire des aller-retours en ville pour leur trouver du grain, du foin, et surtout tout le matériel nécessaire qui nous manque pour adapter au mieux les bagages.
Nous passons une après-midi avec François et Sandrine, des amis cyclo-voyageurs que nous avions rencontré dans Cappadoce. Par un malheureux concours de circonstance pour eux, mais heureux hasard pour nous, ils nous offrent deux nuits d'hôtel dans la ville d’à côté. Akim et Marie en profitent la première nuit. Et Rico et moi y allons le lendemain. Etrange sensation que d’entrer dans un quatre étoiles sans s’être lavé depuis…, de profiter d’une piscine chauffée et surtout d’un petit déjeuner à volonté ! Voilà comment nous nous sommes retrouvés, sans un rond en poche, dans le plus chic hôtel de Dalaman.
Une bonne nouvelle arrivant rarement seule, nous décidons du top départ le lendemain.
Réveil 7h, les premières lueurs sur la terr
asse de notre magnifique squat délabré. Nous mettons plus de deux trois heures à décoller mais ça y est nous partons !
3 chevaux, 4 humains, 3 chiens virevoltant autour d’une route en terre. Nous avançons lentement le long de la côte méditerranéenne. Enfin. Premier jour, première rivière à passer à gué, premier long détour aussi.
Akim et Marie tiennent Patate en longe et hurle le nom de leur chien parti chasser un lapin. Rico se marre doucement en se calant sur le rythme de Papy. Je me retourne pour les regarder mais Koko me rappelle à l’ordre en tirant brutalement sur sa longe pour aller brouter.
Sourire.
Une nouvelle page s'écrit... avec de magnifiques promesses !!!!
Bon les gars, A fond comme d'hab!! Le confort du squatt ca devait pas être terrible!!
Bises
Bonne route les amis! On vous souhaite une bonne météo, parce que ça facilite toujours la vie. Pour le reste, vous allez gérer... Parce que vous êtes des oufs...!!!