NL 21, 1 juin 2022, Athènes // Le début de la fin, Steppe FM
Athènes (Alexis)
A la base, je comptais rester 3-4 jours à Athènes juste le temps de récupérer un colis et de visiter rapidement la ville. Autant dire que c’est raté, j’y suis resté près de 3 semaines !
Les premiers jours :
Il n’est pas simple de se loger en ville gratuitement et avec un chien… J’ai trouvé mon hôte au dernier moment et ce, grâce aux réseaux sociaux ! Proko est un Grecque d’une trentaine d'années, il vit normalement à Thessalonique mais son entreprise l’a envoyé à Athènes pour six mois et lui paie un immense appartement car lui aussi à un chien. Autant dire que c’est assez génial : j’ai ma propre chambre, Jehol a un copain, on est malheureusement dans un quartier très excentré du centre mais où il y a pleins de parcs pour les sortir. Et puis, Proko finit le travail à 17h, et avec lui, sa copine française et les deux chiens, nous allons tous les soirs faire des ballades dans les nombreuses collines disséminées en plein cœur d’Athènes. Arrivés au sommet, on profite d’une bière fraîche en admirant la vue plongeante sur la cité. Bref, je me sens en vacances ! Surtout, qu’après le coucher de soleil, Proko nous invite dans des bars du centre ville grâce aux tickets resto de son entreprise lesquels fonctionnent dans les bars parce qu’on est en Grèce !
Improbable rencontre :
Un après-midi, je décide de prendre le métro avec Jé, pour aller visiter le fameux quartier d’Exarchia, dont on parlera plus tard. Après une paire d'heures à déambuler dans les rues et les nombreuses places je rentre dans un bar où je dois rencontrer Nat, un Canadien, ami d’ami de ma sœur. Je le retrouve donc dans ce bar, autogérés dont les bénéfices vont à une association soutenant la région autonome du Rojava, où il me présente son ami Sacha. Trois heures plus tard, après quelques bières, dont une bonne partie offerte, Nat me propose de l' accompagner au restaurant sans me préciser quoi que ce soit. Je me retrouve quelques minutes plus tard dans un restaurant typique avec de la musique traditionnelle en direct en train de rencontrer sa copine et la belle famille de Nat ! Heureusement que Sacha est encore là, car je sais pas trop ce que je fais là. N'empêche, qu’avec la bière et le vin qui coule à flot à notre table et les parents qui s'arrêtent de manger pour aller danser on se sent vite à l’aise ! A la fin du dîner, excellent, les parents insistent même pour rassembler tous les restes et les donner à Jehol qui attend sagement dehors, devant la porte du restaurant. Il est minuit passé quand le père ayant fini de jouer avec Jé, se dit qu’il est l’heure de rentrer. Je me retrouve donc seul avec Sacha, et événement imprévu… il n’y a plus de métro ! Mon actuel logement est à 3 heure de marche, heureusement Sacha me propose de dormir chez lui à condition que nos chiens s’entendent bien… Il a adopté, il y a un mois à peine, un chien errant qui n’est pas castré et est agressif avec les autres chiens. Bon, je fais confiance à Jehol pour ne pas avoir à marcher toute la nuit. C’est comme ça que débute la première mission de Jehol, psy pour chien !
Jehol, Psy pour chien :
Cette nouvelle fonction avait déjà un peu commencé avec Kuro, le chien de Proko, qui normalement ne s’entend bien qu’avec les femelles. On avait décidé de les faire se rencontrer en terrain neutre, c’est-à-dire au moins en dehors de la maison. Au bout d’environ trente secondes, Jé s’était désintéressé de Kuro qui lui aboyait dessus. Résultat, Kuro fut obligé d’être gentil pour avoir l’intention de Jé, qui de toute façon préfères ses bâtons à la compagnie de n’importe quel autre chien !
Avec le chien de Sacha, Junior, ça été à peine plus compliqué. Junior lui a couru dessus en aboyant, Jé a pas bougé et continué de mâchouiller son bâton. Puis quand Junior s’est tû, Jehol est allé lui dire bonjour… Plutôt facile donc. Il l’a dans la foulée complètement accepté Jé et on a pu tranquillement rentrer dans l’appartement pour boire une dernière bière avec un Sacha abasourdi de voir son chien jouer comme jamais avec Jehol.
Son nouveau Job de Psy, a continué pendant toute la durée du Séjour à Athènes. Dans le grand parc où j’allais tous les jours, il y a des dizaines de chiens, la plupart très cool et en liberté et quelques-uns en laisse courte, tenus fermement par leur humain. Et c’est toujours vers ceux-là que Jehol décide d’aller dire bonjour. A chaque fois, l’humain a peur de ce que va faire son chien (me crie dessus une fois sur deux), avant de se rendre compte qu’il se met presque instantanément à frétiller de la queue en léchant le museau (ou autres parties du corps que les chiens affectionnent particulièrement…).
Dommage que, pour les chiens, les séances de psy soient gratuites. Quelques euros de plus que les cinq alloués quotidiennement n'auraient pas été de refus dans une capitale !
Exarcheia :
Le lendemain, Proko m’annonce qu’il doit retourner à Thessalonique l’après-midi du jour suivant. Je contacte Sacha, pour lui demander de me loger deux ou trois nuits. J’ai l’impression de n’avoir qu’entrevu Athènes jusqu’à présent. Je vais donc aller vivre quelques jours juste à côté d’Exarcheia, un quartier qui nourrit pour moi beaucoup d’idéal.
C’est un quartier populaire en plein cœur de la cité. Sur la place d’Exarcheia, en Décembre 2008, dans le contexte d’austérité de la crise grecque commencent des émeutes suite à la mort d'un adolescent de 15 ans, Aléxandros Grigorópoulos, tué par balle par un agent de police dans une rue du quartier. A la fin des émeutes, le quartier s’est transformé en un lieu d’autogestion pour combattre la misère sociale.
C’est donc devenu un quartier résolument différent. La police n’étant pas la bienvenue, c’est un havre de paix pour les populations brimés ou persécutés, notamment les migrants et les LGBT. Il y a de nombreuses initiatives citoyennes ou associatives pour que n'importe qui puissent manger (avec des cantines gratuites en échange de coup de main), apprendre ou suivre des cours, participer à des événements culturels... De nombreux bâtiments autrefois désertés ont été reconvertis en centre sociaux, refuges solidaires ou autres. Par exemple, l’ancien ministère du travail a été transformé en un centre d’accueil pour les réfugiés arrivant sur le sol grec.
Bref, c’est un lieu sacrément intéressant et alors que je comptais y rester que deux ou trois nuits, j’y suis resté deux semaines. Il faut dire que Sacha, mon coloc de deux semaines, et les nombreuses rencontres inspirantes n’y sont pas pour rien ! Et c’est presque à contrecœur que je suis enfin parti, il y a de ça trois jours.
Me revoilà à pédaler sous la chaleur grec. On atteint les 35°C en milieu de journée, autant dire que les vacances sont finies ! Il y a très peu de vent et il fait tellement chaud que j’essaie de garder Jehol en permanence mouillé.
Il me reste 150 Km avant de rejoindre le port de Patras où j’embarquerai dans un ferry pour arriver à Bari, capitale des Pouilles à une centaine de kilomètres de mon prochain projet mêlant agriculture et humanitaire.
Le début de la fin (Aymeric)
Après avoir profité au maximum de la Roumanie, je continue mon périple. Je me suis ensuite trouvé en Hongrie, avec un peu de retard sur mon programme de voyage. Il faut que j’accélère mon rythme. Aussi maintenant il fait beau, ce qui me permet, malgré l’absence de tente, de dormir sous le premier arbre au bord de la route quand la nuit tombe.
Mon voyage switch en mode sport, et je profite maintenant du fait d'être seul pour pouvoir me faire un peu plus violence. J’ai mis le cap sur Budapest, j’enchaine des journée de 9 à 12h de vélo en accomplissant des distances quotidiennes de 90 à 130 km. Un exploit pour mon pauvre vélo qui grince de son usage et sous le poids de l’équipement. Dans mon nouveau rythme je bombarde du matin au soir avec de petites pauses, ensuite je trouve un arbre ou une maison abandonnée pour mes veillées et étirement. Seulement, quand j’arrive dans une ville, je cherche un toit pour pouvoir prendre des journées de repos tout en pouvant visiter ou pour faire des activités sympas. J’aime ce mode de voyage qui me permet de profiter pleinement de l’aspect sport du voyage quand je me déplace ainsi que de l’aspect rencontre quand je m'arrête.
Mon premier arrêt, la ville de Budapest ! Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agit d’une ville qui m'a vue grandir, de mes 1 an à mes 3 ans. Je garde donc une mémoire on ne peut plus restreinte de cette capitale européenne. Je serai accueillis dans la maison d’un pasteur protestant, avec sa femme et leurs trois enfants dans une coquette maison dans la banlieue résidentielle. Une particularité, une grande église directement dans leurs jardins. La famille me propose de participer à la récolte du miel de leurs ruches. j’accepte avec plaisir et je passerai le lendemain en tant qu’assistant apiculteur, une expérience qui renforce mon envie de posséder des abeilles à l’avenir !
Après une petite messe dans l’église de mon hôte je repars pour découvrir la ville, je me rappelais des ponts et je savais que les bords du Danube étaient bien aménagés. J’aurais voulu aussi revoir la maison dans laquelle j’avais vécu mais malheureusement, mes parents me préviennent qu’elle a été rasée et remplacée par un grand bloc résidentielle. Le temps peut être cruel pour la mémoire. Aussi, j’aurais voulu passer plus de temps à Budapest, malheureusement tous les plans de logement sont tombés à l’eau et mon vélo est cassé. Je décide d’aller au Décathlon, payé du matériel neuf et continue mon chemin.
J’arrive ensuite en territoire autrichien. Contrairement à la Roumanie, je ne trouve plus de maison abandonnée au bord de la route pour les soirées clandestines. En revanche je trouverai refuge dans des cabanes de chasseurs. Elles sont juste assez larges pour s’allonger en diagonale et absolument parfaites pour observer les couchers et levers de soleil, ainsi que la faune!
J’arrive finalement à Wien, là encore une ville qui m'a vu grandir. Mais celle-ci de mes 10 à 14 ans, et mes souvenirs sont beaucoup mieux établis. Premier grand changement à mes yeux, la ville a rétrécit. Mes perspectives de distance ont changé. Il me faudra quatre coups de pédales pour retracer le trajet du lycée français jusqu'à mon ancienne maison alors que dans mes souvenirs j’avais l’impression de vivre très loin ! Je me rends maintenant compte que je ne connaissais qu’une fraction de cette capital. Je fais mon petit tour nostalgie, après mon appartement je passe devant la maison de mon vieux pote ou j’avais fugué car je m’étais retrouvé tout seul chez moi et que j’avais pris peur. Je passerai devant le légendaire magasin de bonbons où Théophile et moi nous avions fait des raffles, remplissant nos cartables de bonbons sous le nez du propriétaire. Mon skate park, mon kebab préféré transformé en agence immobilière (crime ! blasphème !) , je passerai devant l’appart de mon pote Tim, QG de notre premier groupe de Jazz rock (Timothé est un musicien professionnel à Londres maintenant !!). Cerise sur le gâteau je repasserai au Lycée Francais de Vienne pour revoir mes pions, qui s’occupaient de nous comme de petits pères, toujours là avec le même enthousiasme pour les 700 gamins du collège lycée…
Je passerai quatre jours dans cette ville fabuleuse, logé par ma super pote de collège, Anna, qui y travaille maintenant comme infirmière. On passera des journées à se balader et des soirées à retrouver de vieilles connaissances que je croyais disparues ! Ce ne seront donc pas exactement des journées de repos, mais chaque minute en valait la peine !
Voila ! Je termine mon épisode ici. Depuis j'ai pris un bus pour Munich et je prends la destination de Lausanne ! Et ainsi, je prend le cap pour la France, car j’ai trouvé un stage pour cet été, à Brest, je vous en parlerai plus en détail dans la prochaine NL.
PS: Le 1er juin ce sera le jour de mes 28 ans, je projette de faire une grosse étape dans la journée. Je serai sur mon vélo mais n’hésitez pas à m’appeler! je projette de terminer ma journée chez un inconnu, qui serait chaud pour inviter ses potes qu’on puisse fêter ça tous ensemble !
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