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Alexis Boisselet

A nouveau à vélo !

NL 20, 15 Mai 2022, À nouveau à Vélo, Steppe FM.


Pardon pour le délai, on a sauté une Newsletter, c’était un peu compliqué d’écrire sans ordinateur… et pourtant il s’en est passé des choses en un mois !

Et pardon à ceux qui se sont sentis concernés par mes propos du mois dernier, ce n’était absolument pas l’objectif. L’unique but était de partager ma déception d’avoir l’écologie si peu prise en compte alors qu’elle nous concerne tous.



Istanbul :


Rico est parti d’Istanbul quelques jours avant moi, en bus pour la Roumanie. Il a eu la chance de ne pas avoir à sortir de cette immense ville à vélo ! Mon plan était simple pourtant, à peine 25 km dans Istanbul pour prendre un ferry et me retrouver de l’autre côté, loin du monstrueux trafic… mais c’était sans compter les problèmes sur ces 25 premiers kilomètres !

Mon vélo est chargé, la carriole attachée devant chez Murat. Je suis déjà en sueur sans avoir encore donné le premier coup de pédale. C’est parti ! J’avais oublié à quel point on est chargé… et avec Jehol dans la carriole (je ne le sors pas dans Istanbul, trop de trafic) c’est encore pire. Mes jambes m’en veulent dès la première montée. Slalom entre les voitures garées en double file, klaxons dans mon dos car je suis trop lent sauf que je ne peux pas aller plus vite. Bref tout se passe bien jusqu’à un énorme rond-point où une voiture… rentre dans la carriole ! Jehol saute en dehors, je m’arrête, rattrape Jé, me retourne pour voir la voiture partir au plus vite et la roue de la carriole complètement tordue… Génial. Ça doit faire 10 jours que je l’ai. Bon. Trouver un magasin de vélo, dévoiler la roue, voire que ça ne marche qu’à moitié, se dire qu’on la réparera mieux plus tard, rater le premier ferry, arriver finalement au port pour prendre le suivant. Se faire refuser l’entrée pour le bâteau suivant car ils ne veulent pas de chien à l’intérieur. Prochain départ demain à 7h du matin.

Je m’installe dans un parc proche pour y passer la nuit. Pas mal de personnes viennent me parler ou jouer avec le chien. Deux d’entre eux me disent que ça craint de dormir dans ce quartier. L’un demande à une mosquée si je peux dormir dans l’enceinte du jardin, l’autre demande à la police. Les deux refusent. C’est effectivement pas la nuit la plus reposante… pas mal de gens bizarres dans le coin. Heureusement il y a Jehol qui grogne dès que quelqu’un approche trop près. Bon je dors pas beaucoup c’est sûr mais au matin, tout va bien. On peut enfin prendre le ferry et quitter Istanbul.





On the road again :


Le premier jour est difficile. J’ai clairement pas assez dormi, et mon corps n’a plus l’habitude. Malgré une longue sieste en milieu de journée, je monte le camp dans un champ à une quarantaine de kilomètres du port d’arrivée. Une nuit de douze heures plus tard, je me remets en route. Après ces quelques jours à Istanbul Jehol est ravi de courir enfin en liberté. Les jours s'enchaînent, le soleil est au rendez-vous, les paysages aussi. Il y a beaucoup d’abreuvoir le long des nationales, Jehol plonge dedans pour se rafraîchir. Dans plusieurs villages on m’arrête pour m’inviter à boire le thé. De quoi réviser mon vocabulaire Turc et faire le plein de sucre (dans le thé). Il y a même eu deux fois où des octogénaires assis au café, me font signe de m’arrêter avec le signe très particulier (mimer dans l’air d’avoir une touillette pour remuer son thé) pour m’inviter à boire un thé : je pose le vélo contre un mur et vais voir à leur table, ils m’invitent à m’asseoir, me posent des questions mais il n’y a pas de thé. Nous sommes en plein ramadan. Je suis donc deux fois invité à boire un thé sans thé… tout le monde autour d’une table ! On ne change pas ses habitudes, on les adapte apparemment.


Le fait d’être seul permet de faire énormément de rencontres. En une dizaine de jours à vélo, je ne plante la tente que quatre fois. Le reste du temps, alors que je demande de l’eau, ou un espace dans un champ ou un jardin, les gens me proposent de dormir à l’intérieur, dans une remise de jardin ou une chambre vide.





Izmir et la frontière :


J’ai trouvé un logement au dernier moment dans la troisième ville de Turquie, comme quoi les groupes Facebook de voyages et d’Erasmus peuvent servir même pour se loger quand les options habituelles ne marchent pas (le site de Warmshower notamment). Et heureusement, car c’est la dernière grosse ville avant Cesme, le port où je compte prendre un ferry pour la Grèce, et donc où je vais pouvoir enfin réparer correctement la carriole et faire les papiers nécessaires pour faire rentrer Jehol en Europe !

J’y passe donc trois nuits. Je suis logé chez un professeur retraité qui a pour projet de créer une communauté autonome dans les montagnes, autant dire qu’on s’entend bien !

Je mets presque une journée entière à réparer la roue de la carriole. Comme elle est un peu particulière (20 pouces, 20 rayons), il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Une douzaine de magasins plus tard, je trouve enfin un compromis qui a l’air de pas mal fonctionner.

Je passe une journée à visiter la ville et son immense promenade au bord de l’eau et file chez le vétérinaire le lendemain pour remplir le document nécessaire (certificat de bien être international). Il est midi quand j’arrive chez le véto qui me dit que ce n’est pas à lui de remplir le papier (contrairement à ce que m’avait dit la compagnie de ferry au téléphone) mais une annexe du ministère de l’agriculture qui est ouverte aujourd’hui jusqu’à 15h et rouvrira que dans quatre jours… Super. Je fonce donc récupérer mon vélo chez le prof, installe Jé dans la carriole et file le plus vite possible sur une dizaine de bornes en pleine ville pour arriver à temps. J’ai une heure avant la fermeture, ça devrait le faire. Après m’être paumé dans les couloirs avec le chien en laisse, je trouve enfin le bon bureau. Ils sont supers sympas et s'occupent de mon cas. Ils me posent des questions, beaucoup de questions… regardent tous les papiers du chien, ça dure longtemps, je commence à stresser en me disant qu’il manque peut être encore un document ou quelques choses du genre mais au bout de cinquante minutes c’est bon, ils me remplissent enfin mon document, en imprime un autre et y ajoute un tampon officiel… Bref, le chien coûte cher à la frontière mais au moins il peut retourner en Europe !


Chios, l’île aux guêpes !


Les derniers jours de vélos pour arriver Cesme n’ont pas posé de problèmes. On a pu embarquer sur le ferry après avoir passé deux heures dans les files d'attente de la douane, à essayer de gérer le mieux possible les file d’attente dessiner en zigzag avec un vélo car il ne me laissent pas passer avec les voitures. 40 minutes plus tard, on débarque sur l’île de Chios et c’est au tour de la frontière grecque. Cette fois-ci j’ai plus de chance, le vétérinaire officiel était prévenu de l’arrivée du chien, il vient vérifier mes documents, et comme il est super sympa et qu’il aime bien Jehol, il appelle un de ses collègues pour me faire couper toute la file d’attente, vérifier mon passeport et sortir rapidement ! Il est à peine 11h, nous voilà enfin en Grèce. Je fais un petit tour de ville, qui est super jolie avec ses ruelles et ses escaliers, mais c’est un véritable enfer à vélo. Je roule donc le long de la côte autant pour visiter que pour trouver un camp sympa. Mon choix se porte sur un champ d’oliviers en terrasse dominant la mer turquoise. Il y a pire comme endroit ! Il y a même un petit ruisseau où coule un filet d’un clair.





J’installe donc ma tente sous un olivier, et trouve un système à base de bâton pour remplir ma poche d'eau de 6L avec le mince filet d’eau, qui est à vrai dire infesté de guêpes. J’y retourne une demi-heure plus tard, quand la poche est pleine, sauf que cette fois-ci je ne fais pas attention à ne pas faire de gestes brusques, résultat, je me fais piquer au milieu du front. 1-0 pour les guêpes. Je repars plus ou moins en courant avec ma poche à eau pleine, allume une cigarette dont je me sers pour essayer de dissoudre le venin par la température. 1-1. Bon, ça fait pas trop mal et j’ai de l’eau. Je passe un après-midi tranquille au bord de l’eau et ai même le luxe du feu de camp sur la plage déserte pour faire à manger. Je vais me coucher sereinement.

Et le lendemain… Impossible d’ouvrir les yeux ! Après une baignade rapide j’arrive plus ou moins à ouvrir l'œil droit. Je prends une photo de ma tête avec mon téléphone. Gloups… je crois que je fais une allergie ! 2-1 pour les guêpes ! Je ne peux pas rouler comme ça, je vois rien… Je décide de prendre le ferry le lendemain en attendant que ça dégonfle un peu. De toute façon, je suis pas mal ici, d’autant plus qu’il y a de l’eau, même si cette fois-ci j’attendrai la nuit et le départ des guêpes.

Le lendemain, j’arrive à entrouvrir les deux yeux, c’est pas si mal. Je me mets en route en début d'après-midi pour le ferry prévu ce soir. J’arrive suffisamment tôt au port pour prendre un long café et surtout y demander des glaçons ! Quand j’enlève mes lunettes de soleil, la serveuse a un mouvement de recul… et s’empresse de me donner de la glace ! 1h plus tard, ça a sacrément dégonflé, j’ai un peu moins le look d’elephant man pour passer la nuit sur le ferry !





Athènes :


J’arrive à Athènes à cinq heures du matin et profite de l’heure matinale et sans voiture pour faire le chemin jusqu’à l’endroit que j’ai trouvé pour dormir. Encore une fois grâce à Facebook, je rencontre Prokopis et son chien Kuro qui vont me loger à Athènes pour les prochains jours !






Au même moment du coté d’Aymeric


Voilà bientôt un mois que je suis de retour sur mon vélo et que je suis parti d’Istanbul. Il n’y a pas a dire: le voyage tout seul c’est différent !


Une fois mon bus arrivé à Bucarest, je découvre un nouveau pays, la Roumanie ! Elle se présente pour la première fois avec sa capitale, découpée en grande avenue et grand bâtiment en forme de bloc. Je m’engage donc en pays inconnu mais avec une langue latine familière et à la recherche d’un toit pour ce soir.


Ce toit me sera offert par Paul, surement la rencontre la plus saugrenue que j’aurais fait du voyage! Paul à la quarantaine, parle un français impeccable et connaît la géographie de la France ainsi que son histoire médiévale du bout des doigts alors qu’il n’y a jamais mit un pied. Il vit au sixième dans un appartement avec ses trois chat qu’il appelle Mme la Présidente, Mr le premier ministre et Mme la ministre des affaires étrangères. Je ne comprends pas comment on peut avoir la maîtrise d’une langue et de la géographie d’un pays sans jamais n’y avoir mis les pieds. Il m’expliquera alors que dans sa jeunesse, il étudiait le français à l'université et pour se faire un peu d’argent il avait un travail à côté. Ce travail c'était animateur des chatroom érotique français dans les années 90, encore a l’époque du minitel ! Notre Roumain barbu ce faisait passer pour Natasha ou Céline en porte jartelle demeurant à Le Mans ou Avignon. Il m’explique que pour construire des histoires plausibles il avait étudié la géographie française ! Le soir, Paul m'emmènera dans un bar clandestin qu’il a monté avec ses amis. De cette soirée je me souviendrai d’un concert folk roumain, d’un débat exceptionnel sur les Albums de Depeche mode et d’une après soirée avec mon nouvel ami à écouter Brel, Joe Dassin ou bien Greco!





Une fois sorti de Bucarest je me dirige vers ce qui me faisait le plus rêver en Roumanie, et la raison qui m’a poussé à vouloir traverser ce pays: Les Carpathes. Ce sont de petites montagnes avec des forêts de bouleau et de chênes à couper le souffle… Je m'y engage jusqu'à des chemins en terre. Par malheur il se mettra à pleuvoir, et le sol très argileux viendra se coller a mes roues jusqu'à immobiliser complètement mon vélo. Heureusement je serai accueillie par Alexei. Il descend à Bucarest mais il me laisse sa petite cabane dans les bois, avec un poêle et de l’électricité. Je resterai 5 jours sans internet ni téléphone, au milieu de la forêt des Carpates, à faire des ballades pour tenter de voir des ours, préparer un jardin pour Alexei à son retour et bouquiner devant mon feu de poêle… Pour les Carpates je ne pouvais pas rêver mieux !!


S’en suivra ensuite quelques aventures. Hanz un géotrouvetout loufoque m'invite dans son atelier de transformation de Fatbike, je dormirai tout en haut d’une colline dans la cabane ouverte d’une antenne radio, je fêterai pâque avec une famille de 20 Roumain qui me tireront d’une tempête avec des rafales à 120 quand le pneu de mon vélo venait tout juste de crever ! Je terminerai mon épopée roumaine dans un camping de la ville de Cluj ou j’aiderai Adrian a faire les préparatifs pour l’ouverture tout en attendant un colis de France.





Aujourd’hui je suis en Hongrie, bientôt au Porte de Budapest. Mes prochaines aventures se dérouleront dans cette ville et peut-être aussi à Wien et Munich !



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1 Comment


Frandrine
Frandrine
Jun 08, 2022

Wouah ! Que d'aventures... Et au fait comment allait Jehol après l'accident à Istanbul ?

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