NL°7 : Bonjour l’Asie ! 15 octobre 2020, Steppe FM
Nous passons plus d’une semaine à Istanbul où nous sommes logés chez Murat. Nous l’avions contacté via Warmshower et il était le seul à pouvoir nous accueillir à Istanbul avec un chien. Nous sommes arrivés chez lui le 1er octobre, trempé de sueur après la montée (presque de l’escalade) pour arriver chez lui, dans un quartier au nord d’Istanbul, proche de l’université de Bogazici. Dès le premier soir, après avoir monté les vélos et pris une douche bien nécessaire, nous discutons autour d’une bouteille de vin dans son salon.
Murat, la trentaine, est professeur d’anglais à l’université. Il a deux passions : les langues (il en parle cinq et en apprend une sixième) et le vélo. Lorsqu’il nous parle de ses entraînements, nos étapes quotidiennes font peine à voir… Il fait partie d’une équipe de cyclisme où il est le grimpeur, il s’amuse à monter et descendre cinq fois d'affilée la colline où il vit : ce trajet même où nous n’avons pas eu d’autres choix que de pousser les vélos pour réussir à monter.
Nous passons beaucoup de temps avec et chez lui car Istanbul est pour nous une importante transition. C’est la fin du voyage à vélo et le début du voyage en stop. On a donc pas mal de choses à organiser. Il faut qu’on fasse un colis avec le tipi et nos sacoches (pour vélos et chevaux) qui sera envoyé plus loin, qu’on achète d’occasion des sacs à dos et une tente. Bref, on passe beaucoup de temps à préparer la transition. Heureusement que notre ami Murat est là : il nous aide pour tout et nous propose même de garder chez lui notre colis pour pouvoir nous l’envoyer au bon moment et au bon endroit !
Néanmoins nous trouvons le temps d’apercevoir la fabuleuse Istanbul. C’est une ville immense, beaucoup trop grande pour la connaître en quelques jours. Il faudrait au moins un mois entier pour réellement en profiter. Nous nous sommes perdus dans le labyrinthe du grand bazar, nous nous sommes fait virer du bazar egyptien à cause de Jehol, nous avons déambulé dans les rues du centre historique entre les innombrables minarets. Nous avons bu des litres de thés, fendu les foules avec le chien comme brise-glace (ce qui marche vraiment bien). Nous avons marché pieds nus sur les tapis des mosquée, notamment la grande Mosquée de Sainte Sophie, bijoux architectural avec un plafond à crever le ciel, et des poutres en marbre étourdissantes devant lesquelles des adolescent asiatique genre K-pop s’improvisaient des shootings photo,
Un matin, nous avons rejoint une amie : Dany. Alors que nous admirions la vue splendide depuis sa terrasse, elle nous a dit une phrase qui résume l’immensité de cette ville cosmopolite : “Prenons le bâteau pour aller manger en Asie puis allons prendre un thé dans le centre”.
Nous avons aussi passé des heures dans les transports, que ce soit dans le métro avec Jehol dans une caisse à roulette, ou dans les bus menant vers les quartiers désertés par les touristes pour récupérer notre matériel d’occasion. Des heures de bus pour rester dans la même ville… c’est aussi troublant que déprimant. Pour aller chercher une fermeture-éclair pour réparer une partie du tipi, Aymeric a arpenté des quartiers gigantesque destinés entièrement au stockage, à l’envoie et aux ventes d’accessoires pour le prêt à porter. Il est rentré le soir après 12h d'expédition, le tipi sous le bras, après avoir visité des temples de boutons, de chaînes, d’étoffes… Il ne cherchait qu'à gratter une fermeture éclair de bonne qualité mais a été rejeté comme un malpropre par ces monstres de l'industrie qui ne vendent pas en dessous de 300 items bien pesé ! Seul maigre butin, une pauvre fermeture jugé ”yes yes good quality” par un petit monsieur débonnaire du bazar.
En fin de compte, nos achats plus ou moins réalisés et après un dernier thé avec Murat, nous quittons Istanbul sous la pluie le 9 octobre. Il nous reste 12 jours pour rejoindre le lac Beysehir d’où partira la randonnée à cheval.
Nous prenons le ferry (parce que quand même c’est cool le bateau), Jehol enfermé dans une cage à l’arrière du bateau est en panique à l’arrivée à Bursa 2h plus tard. Nous rencontrons Fuat et Berhan, des amis d’amis qui nous font visiter la ville et ses alentours. De nouveau nous nous perdons dans le bazar, qui semble encore plus grand que celui d’Istanbul, nous visitons un village avec un platane de plus de 600 ans et même un supermarché qu’ils veulent nous montrer. On communique dans un mélange de français, de turques et surtout de gestes. Nos amis turques ont dû se passer le mot pour nous gaver de viande (Köfte, Kebab, Durum, Donër…) et de pâtisseries encore plus sucrées que le sucre lui-même.
Après ces deux jours à avoir bien mangé et dormi au sec, il est temps de re-galérer un peu : Nous commençons le stop avec le chien (déguisé pour l’occasion).
Et pour ce qui est des galères, nous sommes servis ! Déjà dès le début nous faisons une heure de marche avec nos gros sacs à dos pour sortir de la ville, ensuite on apprend qu’on ne peut pas prendre le métro avec le chien et en bonus il pleut… nous passons une heure sous un pont à attendre que la pluie passe, puis pendant deux heures nous faisons du stop sous une pluie fine, personne ne nous prend, ni même, ne nous regarde. On change de spot : 1h de marche avec le chien pour l’un, quelques arrêts de métro avec tous les sacs pour l’autre. On réessaie une heure sans succès. La nuit tombe, nous décidons d’aller planter la tente sous la pluie dans un champ en pleine ville.
Le lendemain, nous attendons longtemps sous la tente mais à midi il pleut toujours. Nous rangeons la tente mouillée et marchons dans la bruine, on se sépare à nouveau : quelques arrêts de métro pour l’un et 2h de marche pour l’autre. Nous sommes encore loin de la sortie de la ville mais nous sommes à une station essence sauf que la nuit tombe déjà. Dans ce quartier industriel il n’y a qu’un seul restaurant trop cher pour nous… néanmoins, ayant probablement pitié de nous, il nous offre des sandwichs et du thé. Nous passons cette nuit sur un terrain vague entouré de chiens errants, il bruine toujours et les sardines ne tiennent pas car le sol est trop boueux.
Le matin suivant quand l’alarme sonne à 6h, c’est étrangement calme… ça y est il ne pleut plus ! On s’active et alors que le soleil n’est pas encore levé nous sommes à la station essence. Au bout d’une heure un couple nous fait avancer d’une dizaine de kilomètres, ce qui est suffisant pour enfin sortir de la ville : nous avons passé autant de temps à visiter Bursa qu’à essayer d’en sortir ! Nous restons 3h sur une bretelle d’autoroute avec nos panneaux mais au moins il y a du soleil. Finalement, après quelques hésitations, nous décidons de nous mettre directement sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Et ça paye ! Moins de dix minutes plus tard, nous sommes pris pour aller jusqu’à Izmir. Un trajet de 330 km fait en moins de 3h !
Dans notre tête, nous dépassons enfin nos doubles à vélos (en trois jours nous avons fait 300 km, en vélo nous aurions eu besoin de six jours). A Izmir, nous marchons pour trouver un nouveau spot de stop, et manque de pots (oui, oui spot, stop, pots !) ça ne marche pas. On finit par aller planter la tente dans une forêt derrière la zone industrielle d’Izmir.
Ce soir-là, il ne pleut pas, nous faisons un feu, le premier depuis un bout de temps. Autour des flammes dansantes, alors que le bruit des poids lourds gronde dans le fond, on s’inquiète un peu du temps que l’on prend : en trois jours pleins nous n’avons fait que 330 km, il nous reste 600 km à faire en maximum 7 jours pour ne pas rater le départ de la rando. Avant de dormir, on regarde la météo, la pluie est à nouveau prévue pour demain 8h…
Réveil 6h, on range en vitesse, il ne pleut pas encore. On traverse un champ à pied, puis nous glissons dans un trou dans les barbelés nous séparant de l’autoroute. On traverse l’autoroute en courant et nous nous retrouvons du bon côté. Il est 7h, nous sortons nos panneaux, à 7h02 un camion s’arrête, il nous amène une trentaine de kilomètres plus loin. 7h30, nous sautons du camion et tendons le pouce, 7h31 une voiture s’arrête, 7h33 il se met à pleuvoir mais nous sommes au sec dans la voiture !
Nous arrivons à Selçuk à 8h40, nous nous mettons à l'abri dans un café en attendant que la pluie cesse et que nous réponde notre contact avec qui nous avons rendez-vous dans la soirée. La pluie s’est calmée, j’écris ces lignes en buvant du thé sous le auvent d’un café. Nous sommes arrivés à Selçuk et nous avons le temps d’écrire cette newsletter alors que nous étions sûr qu’on aurait du retard dessus.
Finalement 6 jours pour arriver à Beysehir semble largement faisable au vu de la matinée !
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