Kapadokya Ranch, 15 Novembre 2021, Steppe FM
Ça fait déjà deux semaines que nous sommes arrivés au Kapadokya Ranch. Nous sommes en plein cœur de la Turquie, perdus entre trois villages des Cappadoce. Nico, Hélène et leur fils de six ans Pablo nous accueillent ici en échange d’aider au bon fonctionnement de la ferme.
Le lieux est incroyable. Nous sommes logés dans un bungalow au milieu des chevaux, lesquels se baladent tranquillement entre les affleurements de tuf volcanique. Une centaine de mètres plus loin on tombe sur une chèvrerie d’une quinzaine de bêtes, et juste à côté un poulailler pour les oies et les poules. Enfin il y a la terrasse qui mène directement à la maison d’Hélène et Nico. La maison est creusée dans un immense rocher. On peut y entrer par la sellerie, une salle en forme d’arbre taillée dans la roche ou repose des dizaines de selles. Plus loin on arrive dans le salon-cuisine : une immense pièce où les piliers se mêlent au plafond pour former un entrelacement de liane. La maison compte deux autres étages. Tout en haut il y a une autre porte où l’on peut sortir directement dehors grâce à la topographie du terrain. Bref cette grotte-maison est fantastique, on se croirait chez un peuple mi-elf mi-nain dans un univers imaginaire.
Nico et Hélène sont deux voyageurs à cheval. Nico s’est installé en Cappadoce il y a plus de 15 ans et Hélène l’a rejoint quelques années plus tard après avoir travaillé en tant que guide équestre en Mongolie et en Afghanistan. Autant dire qu’entre Nico, Hélène et leurs 22 chevaux nous sommes plutôt bien entourés pour continuer la préparation de notre future expédition à cheval.
Nous sommes arrivés en novembre, la fin de la saison de travail pour les chevaux. Du coup, lors de notre première semaine ici, il a fallu déferrer tous les chevaux. Nous avions eu la chance de l’avoir déjà fait mais seulement une seule fois et c’était il y a plus d’un an à Toulon avec le maréchal ferrant Jean-Marie. Tous les matins, alors que les chevaux mangeaient, nous avons pu nous entraîner. Au départ nous mettions plus d’une heure trente par cheval, en faisant de nombreuses pauses pour reposer nos jambes qui doivent maintenir le sabot du cheval tout en restant dans la position de la chaise. Nous finissions en sueur, les jambes tremblantes. Heureusement, chaque jour nous progressions. A la fin de la semaine nous pouvions déferrer et parer (c’est-à-dire aplanir et assainir le sabot) en une vingtaine de minutes.
En parallèle de cela, il y a tout le quotidien de la ferme que nous faisons avec leur employé Rifat : nourrir et prendre soin des chevaux, des chèvres, des volailles, des chiens et des chats. L’après-midi il faut emmener paître les chevaux quelques kilomètres plus loin et aller les rechercher à la nuit tombante. Et puis il y a toujours de nouveaux projets : creuser une mare pour les oies, camoufler et protéger les serres-tunnel, qui servent à stocker la paille, le grain et le foin, avec un mélange de d’argile, de paille et de crottin séché…
Bien que les journées soient bien remplies nous trouvons parfois le temps d’une après-midi pour aller visiter cette fabuleuse région. Pour l’instant nous avons visité quatre vallées : Nico nous dépose en voiture à quelques kilomètres du Ranch et nous rentrons par les vallées et les canyons creusés par l’érosion. Ces randonnées sont géniales. En plus du fabuleux spectacle de la nature, des différentes teintes de roches, des impensables formes des falaises érodées et de l’absence complète de touriste il y a les nombreuses habitations troglodytes. La plupart de ces lieux sont abandonnés, on peut donc, munie d’une lampe frontale, plonger à l’intérieur de la roche, ramper sous des tonnes de pierre, escalader des échelles creusées dans le mur pour finalement se relever dans les vastes salles d’un pigeonnier surplombant la vallée en contrebas.
Au ranch il y a aussi toute une vie sociale. Nous rencontrons de nouvelles personnes, amis d’Hélène et Nico. Nous retrouvons souvent nos amis turques avec qui nous avons fait la logistique de la randonnée pour de longues soirées à boire le vin qu'ils produisent et à jouer de la musique, nous discutons de voyages et de chevaux avec Hélène et Nico et jouons avec le petit Pablo. Les repas que nous préparons tous plus ou moins à tour de rôle sont généralement super bons, la plupart des produits (légumes, fromages, viandes…) proviennent directement de la ferme.
Bref, après deux semaines de vie ici, on est loin de s’ennuyer, il y a toujours mille choses à faire et depuis quelques jours Hélène, Nico et Pablo sont partis en vacances... Nous avons donc, avec Rifat, la charge de la ferme et des chevaux pour nous entraîner à monter ! [à suivre]