Steppe FM : Le Grand Départ : Avril 2021, En France
Nous sommes partis le 21 Mars, le jour du printemps. Nous, c’est Aymeric, Jéhol et moi Alexis.
Nous avons entamé le voyage à vélo, sans carriole car elle a cassé lors du test de la veille. Malgré cela, à l’heure du départ, vous étiez nombreux à nous souhaiter bon vent. Donc Merci !
Nous avons pédalé pendant trois jours avec nos vélos chargés de 40 Kg chacun. Le beau temps était au rendez-vous, les bivouacs sauvages aussi. Les routes départementales sont peu fréquentées, il y a un bas côté où le chien peut marcher, bref le début du voyage est grandiose.
Nous avons fait un premier arrêt et un premier podcast au lac d’Esparron où l’on a essayé le poêle à bois pliable devant le soleil couchant et une bière bon marché à la main.
Puis nous avons continué vers le Nord-Est, vers le lac de Serpençon. Malgré les vélos surchargés et quelques problèmes techniques sur nos bolides, nous avançons de 35 km par jour. On ne peut pas faire plus sans demander trop d’effort au chien… Il nous faut une carriole pour accélérer…
Un jour de repos au lac de Serpençon à réorganiser le poids sur les vélos puis nous entamons la dernière ligne droite vers Briançon et donc la montée vers les sommets alpins.
Etonnamment tout se passe bien. Nous sommes très lent en montée, certes, mais nous n’avons jamais besoin de poser le pied à terre. Et le chien nous suit, toujours à quelques centimètres à droite du vélo. Les automobilistes nous font souvent des gestes d’encouragement, preuve tout de même qu’on doit avoir l’air de sacrément galéré !
Finalement après les deux grosses montées de l’Argentière la Bessée et celle de Briançon à La Salle les Alpes nous arrivons au Bez : Lieu de notre premier projet.
Pendant près de 25 jours nous dormons sous le tipi dans un champ, qu’il vente, qu’il pleuve ou même qu’il neige. Nous travaillons avec l’auberge de jeunesse de Serre Chevalier à mettre en place un potager pédagogique en permaculture de 65 m² cultivable. Au programme : design du jardin, travail du sol, récupération de paillage et autres matières organiques, semis des graines qui seront transplantés après le 15 Mai (après les Saints de Glaces) et réalisation d’un calendrier et des rotations de culture.
Nous rencontrons aussi plein de gens incroyables, notamment à la Maison Bessouli où nous prenons tous nos repas et passons toutes nos soirées. La maison, c’est un chantier participatif réalisé par l’association 14 et des bénévoles en menuiseries, charpenteries, électricités… Mais à partir de la mi-juin cette ancienne bâtisse abandonnée deviendra un lieu d’accueil et de vie mélangeant locaux et réfugiés.
Dans une association de vélo (l’atelier Cyclonique) nous avons pu changer les plaquettes de freins, resserrer le pédalier et remplacer l’un des porte-bagages qui déjà plié, menacer de casser. Nous avons aussi reçu de l’aide pour réparer notre première carriole boiteuse et l’association nous en a offert une deuxième à réparer pour porter le chien.
Nous avons aussi réalisé, en partenariat avec l’association LowTech With Refugees, trois ateliers pour les exilés qui ont pu être maintenus malgré le Covid. L’un, au refuge de Briançon (Tous Migrants !) avait pour but d’initier à la couture du cuir (réalisation de ceintures, pochettes, porte-clés…), un autre (dans les locaux de l’atelier Cyclonique et avec leur aide) était pour réaliser une carriole pour vélo uniquement en métal de récupération. Et le dernier, dans le potager d’un ami, était une initiation à l’étude des sols et aux grands principes de la permaculture. D’ailleurs, nous avons appris d’un exilé afghans que le nom du chien “Jéhol” qui pour nous signifier “cheval fou” en Afghan selon un livre de Kessel, ne se prononçait pas du tout comme ça mais plutôt quelque chose du genre “Guéhrol” !
Et puis, nous avons aussi pris le temps d’apprendre (un peu) à tirer à l’arc, à pêcher au leurre et à la mouche (même si nous n’avons rien eu), passé de nombreuses soirées à jouer au jeu de sociétés ou à refaire le monde en buvant des bières avec de superbes personnes !
Finalement, après toutes ces journées sacrément remplies, nous avons repris la route le 26 Avril sur nos bécanes à pédales direction l’Italie et la première frontière au temps du Covid !